Tuesday, November 21, 2006

Encore plus d'instabilité ....

... dans un pays qui a déjà trop souffert.

mardi 21 novembre 2006, 16h45
Le ministre libanais de l'Industrie, Pierre Gemayel, assassiné

BEYROUTH (Reuters) - Le ministre libanais de l'Industrie, Pierre Gemayel, a été assassiné mardi dans une zone chrétienne près de Beyrouth, et sa mort a été immédiatement imputée à Damas par la majorité anti-syrienne, actuellement engagée dans un bras de fer avec le camp pro-syrien.

Le convoi à bord duquel avait pris place le ministre a essuyé des tirs dans le quartier de Sin el Fil. Des hommes armés ont précipité leur véhicule contre celui de Gemayel, sont sortis et ont ouvert le feu.

Pierre Gemayel, 34 ans, a été transporté à l'hôpital où il a succombé à ses blessures.

Sur des images de télévision, on peut voir la colère et la tristesse de ses partisans réunis devant l'établissement où il est décédé.

Cet assassinat, le premier d'une personnalité anti-syrienne depuis la mort de Gébran Tueni en décembre 2005, risque de renforcer les craintes liées à la crise politique au Liban.

Le Hezbollah chiite menace de faire descendre ses partisans dans la rue depuis l'échec des consultations nationales entre les différents courants politiques sur l'octroi à la minorité pro-syrienne d'un pouvoir de blocage au sein du gouvernement.

"Nous pensons que la main de la Syrie est derrière tout cela", a immédiatement réagi Saad Hariri, chef de file de la majorité parlementaire anti-syrienne et fils de l'ancien Premier ministre assassiné Rafic Hariri.

La Syrie a cependant condamné l'assassinat du ministre de l'Industrie.

Les Etats-Unis ont pour leur part dénoncé "un acte de terrorisme et d'intimidation".

Gemayel, membre des Phalanges chrétiennes créées par son grand-père Pierre, était le plus jeune député du Liban. Il est le fils de l'ancien président Amine Gemayel (1982-1988), qui avait lui-même succédé dans cette fonction à son frère Béchir, assassiné en septembre 1982 peu après son élection.

Pierre Gemayel était, comme son père et son oncle, un opposant notoire à la tutelle syrienne sur le Liban.

LES PRÉDICTIONS DE SAMIR GEAGEA

Son assassinat survient en pleine crise politique.

Le Premier ministre libanais, Fouad Siniora, venait juste de défendre mardi la légitimité de son gouvernement, malgré la démission des six ministres pro-syriens, et il avait mis en garde contre les risques de violences en cas de manifestations annoncées par le Hezbollah.

Ces six ministres, dont les cinq représentants chiites du Hezbollah et du mouvement Amal, ont démissionné au cours du week-end du 11 novembre après l'échec des discussions sur l'octroi à la minorité pro-syrienne d'un pouvoir de blocage au gouvernement.

Le départ des ministres chiites a conduit le président pro-syrien Emile Lahoud et le président de la Chambre des députés, Nabih Berri, du mouvement Amal, à contester la légitimité du gouvernement censé représenter les différentes communautés du Liban.

La majorité anti-syrienne accuse de son côté la minorité pro-syrienne de vouloir ainsi bloquer la création d'un tribunal spécial chargé de juger les assassins présumés de Rafic Hariri. Une enquête en cours de l'Onu a mis en cause des responsables syriens et libanais dans l'attentat commis en février 2005. La Syrie dément toute implication.

Le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a pour sa part invité ses partisans au cours du week-end à se tenir prêts à descendre dans les rues pour renverser le gouvernement Siniora si la majorité n'accroît pas la représentation du camp pro-syrien au sein d'un cabinet d'union nationale ou, à défaut, si elle refuse l'organisation d'élections législatives anticipées.

Le Hezbollah accuse le gouvernement d'être à la solde des Etats-Unis et d'Israël. Il lui reproche son manque de soutien lors du conflit en juillet-août contre Israël.

Le dirigeant chrétien anti-syrien Samir Geagea a fait part vendredi de ses craintes sur une éventuelle vague d'assassinats de ministres en raison de la volonté affichée par le camp pro-syrien de renverser le gouvernement Siniora.

Avec la mort de Gemayel, qui prive le gouvernement d'un septième ministre sur 24, la démission ou la mort de deux autres ministres entraînerait la chute du cabinet, dont Nasrallah avait prévu au début du mois qu'il ne survivrait pas longtemps.

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