Saturday, June 11, 2005

24 Heures du Mans: il y a 50 ans, la pire tragédie du sport automobile ...

LE MANS (AFP) - Les organisateurs des 24 Heures du Mans dévoilent ce samedi une plaque commémorative rappelant la plus meurtrière tragédie de toute l'histoire du sport automobile, qui fit 79 morts le 11 juin 1955, lorsqu'une Mercedes fut projetée dans le public après un accrochage à près de 200 km/h.
La notion de sécurité des circuits, à l'époque, n'a rien à voir avec ce qu'elle est aujourd'hui. En 1955, la ligne droite des tribunes n'est qu'une route départementale de 13 mètres de large. Le muret et la piste de décélération des stands n'existent pas, et les voitures se rangent simplement sur le bord de la route pour faire le plein de carburant et changer de pilote.
La foule, massée sur la gauche de la route, n'est séparée des bolides que par des fascines de branchages enchevêtrés mêlées de terre, et par un fossé facilement franchissable.
A 18h30, ce samedi 11 juin 1955, la Mercedes de Fangio-Moss et la Jaguar de Hawthorn-Bueb se livrent une lutte acharnée en tête, et ont déjà pris un tour à la plupart de leurs poursuivants.
Hawthorn, en pleine bagarre avec Fangio, dépasse une Austin Haeley attardée à l'entrée de la ligne droite des tribunes, puis soudain, freine et décide de se rabattre pour ravitailler... Surpris, le pilote doublé fait un écart vers la gauche, sans s'apercevoir que deux Mercedes lancées à pleine vitesse fondent sur lui: dans la première, le Français Pierre Levegh, avec un tour de retard. Derrière lui, le grand Juan Manuel Fangio.
Le drame se joue en moins d'une seconde. Dans un ultime réflexe, Levegh lève le bras pour prévenir Fangio du danger. Puis il accroche l'Austin et, à près de 200 km/h, la Mercedes décolle, rebondit sur les fascines et explose dans la foule.
Les images de l'époque montrent bien comment train avant et bloc moteur sont alors arrachés et projetés à une vitesse folle sur le public, décapitant et déchiquetant des dizaines de spectateurs.
"C'est une vision de guerre, écrit alors la presse. De ce parterre de corps torturés surgissent quelques blessés hagards. Le corps de Levegh retombé sur la piste, le crâne fracassé, brûle dans les lambeaux de vêtements qui restent collés à sa peau. De l'amas de ferrailles tordues monte une épaisse colonne de fumée qui cache aux spectateurs des tribunes cette scène de carnage..."
La tragédie fait 79 morts.
Les organisateurs, malgré l'horreur, décident de ne pas interrompre l'épreuve, notamment pour éviter un embouteillage alors que commence le ballet des ambulances. La course continue donc, et, quelques minutes plus tard, lorsque Fangio s'arrête à son stand de ravitaillement, son directeur de course lui demande comment il a pu passer: "Je suivais Levegh... dit-il. Je l'ai vu lever la main. C'est son geste qui m'a sauvé la vie".
Dans la nuit, l'équipe Mercedes, pourtant en tête, prend la décision de se retirer de la course. Le lendemain, sous une pluie froide et une ambiance très lourde, Hawthorn et Bueb offrent à Jaguar sa troisième victoire au Mans.
Deux jours plus tard, le ministre de l'Intérieur interdit toute compétition automobile en France. Un exemple bientôt suivi par l'Allemagne, la Suisse (où la mesure est toujours en vigueur de nos jours) et l'Espagne qui annulent leur Grand Prix. Toute l'Europe est en état de choc.

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