Tuesday, May 22, 2007

Liban ... une guerre sans fin ?

Menace d'embrasement au Liban

TRIPOLI, Liban (AP) - L'armée libanaise était déterminée à "en finir" mardi avec les extrémistes du Fatah al-Islam retranchés dans un camp de réfugiés palestiniens. La Syrie nie toute implication dans ces violences, qui font craindre un embrasement du pays au moment où l'ONU débat de la création d'un tribunal international pour l'assassinat de Rafic Hariri.

L'armée, autorisée lundi soir par le gouvernement à intensifier ses opérations, a également pris d'assaut mardi matin un appartement de Tripoli soupçonné d'abriter des militants armés, selon des témoins.

Au moins 29 soldats et 20 militants ont été tués dans les attaques du Fatal al-Islam dimanche et lundi, selon les autorités, qui ne pouvaient fournir de bilan pour les civils, n'étant pas autorisées à pénétrer dans le camp de Nahr el-Bared. L'artillerie harcelait les fondamentalistes pour tenter de les éliminer ou les faire sortir.

"Le pilonnage est intensif, non seulement sur nos positions mais aussi sur les enfants et les femmes. Tout est détruit", a affirmé dans le camp un porte-parole du groupuscule, Abou Salim Taha, interrogé au téléphone par l'Associated Press. Il a annoncé une trêve unilatérale, mais a nié toute implication du Fatah al-Islam dans les attentats de dimanche et lundi soir à Beyrouth et démenti que le N°2 de son organisation ait été blessé.

Depuis trois jours, les habitants du camp, qui accueille près de la frontière syrienne plus de 31.000 des quelque 400.000 Palestiniens réfugiés au Liban, se terrent chez eux alors que les réserves de nourriture et de médicaments s'épuisent, selon des informations invérifiées. L'armée libanaise a refusé de laisser entrer un convoi humanitaire, invoquant le danger.

Des responsables palestiniens faisaient état de neuf civils tués lundi, tandis que le moufti Salim Lababidi, chef spirituel sunnite des Palestiniens au pays du Cèdre, évoquait sur la chaîne de télévision panarabe Al-Jazira une centaine de morts et blessés. Il condamne les attaques contre l'armée mais estime que les militaires pourraient riposter sans mettre en danger les civils.

Des dizaines de Palestiniens en colère ont du reste manifesté mardi dans le plus grand camp de réfugiés au Liban, celui d'Ein el-Hilweh, dans le Sud, ainsi que dans celui de Rachidiyeh, plus au sud encore. La douzaine d'enclaves en territoire libanais compte plus de 215.000 habitants.

Les principales factions palestiniennes, dont les dirigeants ont discuté avec le Premier ministre libanais Fouad Siniora des moyens de régler la crise mardi pour la deuxième fois en autant de jours, ont également pris leurs distances avec le Fatah al-Islam.

Ce groupuscule est né l'an dernier d'une scission avec le groupe pro-syrien Fatah-Intifada, qui fit lui-même sécession du Fatah de Yasser Arafat au début des années 80. Son meneur, le Palestinien Chaker al-Absi, s'est installé à Nahr el-Bared à l'automne 2006 après avoir été expulsé de Syrie, et il aurait recruté une centaine de combattants, dont des Arabes du Yémen et d'Arabie saoudite.

Bien que Chaker al-Absi se revendique de l'idéologie du chef d'Al-Qaïda Oussama ben Laden, des responsables de la sécurité à Beyrouth pointent un doigt accusateur vers la Syrie. Mais Damas, qui avait dû mettre fin à 29 ans de présence militaire au pays du Cèdre après l'assassinat en février 2005 de l'ancien Premier ministre libanais Rafic Hariri, se défend de vouloir déstabiliser son voisin pour empêcher la création d'un tribunal international.

Son ambassadeur aux Nations unies, Bachar Ja'afari, a en réponse accusé lundi soir "certaines personnes" de vouloir faire pression sur le Conseil de sécurité de l'ONU pour qu'il adopte le projet américano-européen de résolution imposant la création du tribunal. Fouad Siniora espère que l'ONU pourra ainsi passer outre l'opposition libanaise emmenée par le Hezbollah pro-syrien et pro-iranien, qui compte de son côté sur un veto russe. AP

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